ÉMILE AJAR / ROMAIN GARY
Gros-Câlin
Édition
augmentée de la fin initialement
souhaitée par l'auteur
MERCURE DE FRANCE
Éd. Numérique Atelier Panik
© Mercure de France, 1973, 2012.
Romain Gary, pseudonyme de Roman Kacew, né à Vilnius en 1914, est élevé par sa mère qui place en lui de grandes espérances, comme il le racontera dans La promesse de l’aube. Pauvre, « cosaque un peu tartare mâtiné de juif », il arrive en France à l’âge de quatorze ans et s’installe avec sa mère à Nice. Après des études de droit, il s’engage dans l’aviation et rejoint le général de Gaulle en 1940. Son premier roman, Éducation européenne, paraît avec succès en 1945 et révèle un grand conteur au style rude et poétique. La même année, il entre au Quai d’Orsay. Grâce à son métier de diplomate, il séjourne à Sofia, La Paz, New York, Los Angeles. En 1948, il publie Le grand vestiaire et reçoit le prix Goncourt en 1956 pour Les racines du ciel Consul à Los Angeles, il épouse l’actrice Jean Seberg, écrit des scénarios et réalise deux films. Il quitte la diplomatie en 1960 et écrit Les oiseaux vont mourir au Pérou (Gloire à nos illustres pionniers) et un roman humoristique, Lady L. , avant de se lancer dans de vastes sagas : La comédie américaine et Frère Océan. Sa femme se donne la mort en 1979 et les romans de Gary laissent percer son angoisse du déclin et de la vieillesse : Au-delà de cette limite votre ticket n’est plus valable, Clair de femme, Les cerfs-volants.
Romain Gary se suicide à Paris en 1980, laissant un document posthume où il révèle qu’il se dissimulait sous le nom d’Émile Ajar, auteur de romans majeurs : Gros-Câlin, La vie devant soi, qui a reçu le prix Goncourt en 1975, etL’angoisse du roi Salomon.
Le Conseil national de l’Ordre des médecins réaffirme son hostilité à l’avortement libre, estimant que si le législateur l’autorisait, cette « besogne » devrait être pratiquée par un « personnel d’exécution particulier » et dans des « lieux spécialement affectés : les AVORTOIRS ».
Journaux du 8 avril 1973
AVERTISSEMENT
Lorsqu’en 1974 Gros-Câlin paraît au Mercure de France, ses éditeurs ne savent pas que derrière le pseudonyme d’Émile Ajar se cache Romain Gary. Dans son ouvrage posthume Vie et mort d’Émile Ajar, ce dernier raconte :
Ce fut seulement après avoir terminé Gros Câlin que je pris la décision de publier le livre sous un pseudonyme, à l’insu de l’éditeur. Je sentais qu’il y avait incompatibilité entre la notoriété, les poids et mesures selon lesquels on jugeait mon œuvre, « la gueule qu’on m’avait faite », et la nature même du livre.
Mais la version publiée ne correspond pas au manuscrit original, envoyé du Brésil par Pierre Michaut, ami de l’auteur. La fin, notamment, a été modifiée :
Pierre Michaut, ne pouvant invoquer aucune « autorité » valable, dut cependant accepter des coupures. Un chapitre au milieu, quelques phrases ici et là, et le dernier chapitre. Ce dernier chapitre « écologique » était à mes yeux important. Mais il est vrai que son côté « positif », son côté « message », lorsque mon personnage, transformé en python, est porté à la tribune du meeting écologique, n’était pas dans le ton du reste.